conte (pour adolescents) theatre
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Deux frères reviennent de la montagne en chantonnant, les poches et chacun trois sacoches remplies de châtaignes.
Chemin faisant, ils aperçoivent un énorme tas de pièces de vingt centimes. Les deux frères se regardent, n’osent prononcer la moindre parole.
L’aîné déclare finalement : nous reviendrons ce soir les chercher, il faut d’abord aller au marché vendre nos châtaignes.
Le cadet vide ses poches et ses sacoches, les remplit de pièces.

Quelques kilomètres plus loin, à côté du roc qu’on dit millénaire : un énorme tas de pièces.
Aucune hésitation chez le cadet : il vide poches et sacoches, remplace les pièces de vingt centimes par celles de cinq euros. C’était un pays où les pièces de cinq euros venaient d’être pressées.
L’aîné sourit, le gronde : nous sommes venus à la montagne pour ramasser des châtaignes... Il faut d’abord finir ce que l’on a commencé... Tu ne feras jamais rien de grand si tu te laisses toujours entraîner par des choses plus intéressantes... Suis plutôt mon exemple : je vais d’abord terminer mon travail et je reviendrai ce soir avec une brouette pour récupérer plus de pièces que tu en as dans tes poches et dans tes sacoches...

Les deux frères repartent : le cadet avance de plus en plus péniblement, les épaules courbées, voûté sous le poids de ses pièces. L’aîné se moque régulièrement de lui. Ils s’arrêtent uniquement quelques kilomètres plus loin... devant un gigan-tesque chêne au côté duquel resplendit un tas de pièces d’or.
Le cadet vide de nouveau poches et sacoches, sans se soucier des critiques de son frère qui explique son plan : après avoir vendu ses châtaignes il louera une fourgonnette et reviendra chercher les toutes pièces, or, cinq euros et même la menue monnaie. Il rit : « J’aurai bien dix fois plus d’or que toi ! Et sans me fatiguer ! t’es vraiment marteau de te crever !... »
Afin de louer une camionnette, il prend finalement une pièce d’or qu’il case entre les châtaignes, dans l’une de ses poches.

Le cadet transpire, s’arrête régulièrement... l’aîné se moque : « je n’ai pas de temps à perdre ! la fortune m’attend... »

Le cadet arrivait juste en ville, quand il croisa son frère tout souriant, au volant d’une fourgonnette rouge, louée grâce à la vente de ses châtaignes et de la pièce d’or.

Quand l’aîné arriva au somptueux chêne, il n’y avait plus une seule pièce d’or. Il continua jusqu’où ils avaient vu le tas de pièces de cinq euros et de même n’y trouva rien. Espérant encore, il poursuivit sa route pour constater que les pièces de vingt centimes avaient de même disparues. Il trouva seulement les châtaignes laissées par son frère, mais il était trop désappointé par son aventure pour les ramasser.

Pris par l’effervescence de nos petites occupations, nous manquons souvent du discernement nécessaire quand de grandes opportunités se présentent... nous croyons pouvoir remettre à plus tard et passons à côté de l’essentiel.

L’aîné ne se contenta pas de cette erreur : il se mit en colère. Contre le destin, contre les marchands de châtaignes, contre le loueur de fourgonnettes (qui lui avait pris sa seule pièce d’or !), contre son frère.
Il était tellement en colère qu’il rata un virage. Après trois tonneaux la fourgonnette s’immobilisa. Définitivement inutilisable.

Il rentra à pieds. Et prit le sourire de son frère pour une insulte... il tua son frère d’un coup de marteau.
Il cherchait encore l’or quand les gendarmes l’ont arrêté.
Non seulement nous sommes les responsables de la majorité de nos échecs. Mais en plus, le plus souvent, nous refusons de le reconnaître.

Heureusement, il est rare que nous franchissions la ligne jaune de l’irrémédiable.


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